Paco Rabanne, de son vrai nom Francisco Rabaneda y Cuervo, né le 18 février 1934 à Pasaia, au pays Basque Espagnol, et mort le 3 février 2023, en France, à Portsall, Bretagne. Ses créations ont marquées l’univers de la mode dans les années 1960. Ses robes en métal étaient le nec plus ultra de l’époque et toutes les stars les portaient. Celui que les mauvaises langues surnommaient « le chaudronnier » a toujours été un avant-gardiste et un anticonformiste. Dans les années 1990, il fût très présent dans les médias par ses prédictions excentriques, sa foi en la réincarnation et ses prétendues vies antérieures. Mais bien au-delà de ce que certains pourraient juger comme des délires charlatanesques, uniquement destinés à avoir la lumière sur lui, Paco Rabanne fût un visionnaire toujours en quête de nouveautés, d’idées, d’innovations, qui lui permettraient d’exprimer son idée de la femme, comme une sculpture, comme une déesse…
Sa mère est première main chez Cristóbal Balenciaga (installé à Saint-Sébastien jusqu’en 1936) et son père officier. Pendant la guerre civile, il est colonel dans les forces républicaines et est fusillé par les franquistes en 1939. Après ce drame, la famille quitte l’Espagne, traverse à pied les Pyrénées. Arrivée saine et sauve en France et après une période d’internement dans les camps de Port-Vendres et Argelès-sur-Mer, la famille s’installe en Bretagne près de Morlaix. Paco Rabanne gardera toujours une profonde tendresse pour cette région où il choisira de se retirer à la fin de sa vie.
De 1951 à 1963, Paco Rabanne fait des études d’architecture à l’École nationale supérieure des beaux-arts à Paris. Il finance ses études en produisant des croquis de mode, dessins de sacs pour Roger Model et de chaussures pour Charles Jourdan. Il publie en 1959 une série de sept robes aux lignes géométriques très épurées sous le nom de Franck Rabanne dans le Women’s Wear Daily. En 1963, il est lauréat de la Biennale de Paris avec une sculpture habitable pour jardin, exposée au Musée d’art moderne.
À la fin de ses études, il se lance dans la fabrication artisanale d’accessoires fantaisie comme des boutons ou des broderies sans fil, ni aiguille qui s’appliquent sur des vêtements haute couture signés Balenciaga, Nina Ricci, Maggy Rouff, Philippe Venet, Pierre Cardin, Courrèges, Givenchy jusqu’en 1966. En 1965, il crée des « Pacotilles », accessoires en Rhodoïd (boucles d’oreilles, lunettes, casques) en collaboration avec Michèle Rosier, Christiane Bailly et Emmanuelle Khanh, stylistes en vogue du prêt-à-porter industriel. En février 1966, la première collection « Manifeste » est présentée à l’hôtel George-V : « 12 robes importables en matériaux contemporains », agrémentées de sequins et plaques en Rhodoïd présageant une mode futuriste, tout comme Courrège et Pierre Cardin.
Le 21 avril 1966 est présentée une seconde collection avec des maillots de plage en Rhodoïd au Crazy Horse Saloon portée par les danseuses sélectionnées par André Bernardin. Architecte, artisan et couturier, Paco Rabanne innove, choque et séduit par ses modèles en cuir riveté, plumes d’autruche et aluminium exposés à la galerie d’art d’Iris Clert à Paris en septembre 1966.
En octobre 1966, il s’installe au 33, rue Bergère dans un décor de tubulures d’acier et murs noirs. Il se lance dans la création de modèles pour le cinéma. Ses créations sont visibles dans des films tels que « Deux ou trois choses que je sais d’elle » de Jean-Luc Godard et « Les Aventuriers » de Robert Enrico. Il réalisera également des robes pour « Casino Royale », film réalisé par John Huston et il est certain que Jane Fonda ne serait devenue « Barbarella » sans les robes créés pour elle dans le film de Roger Vadim. Après le succès remporté par ses robes dans le cinéma, il entreprend la création de costumes de théâtre pour « Par-delà les marronniers » de Jean-Michel Ribes.
Entre 1967 et 1970, il connaît une période riche en expérimentations de matériaux et projets révolutionnaires comme des robes en papier, des modèles en cuir fluorescent, métal martelé, jersey d’aluminium et fourrure tricotée. Il conçoit des réalisations audacieuses qui marqueront le grand public comme une robe en plaques d’or incrustées de diamants, portée par Françoise Hardy ; des vêtement moulés « Giffo » et robes tout en boutons. Ces créations seront acquises au fil du temps par des musées d’art contemporain tel le MoMA (Museum of Modern Art) à New York. En 1969, il signe un partenariat avec l’entreprise Puig et lance un premier parfum, « Calandre », qui remporte un succès certain. La même année, il publie son livre Nues avec les photos de Jean Clemmer aux éditions Pierre Belfond.
De 1971 à 1975, il adhère à la Chambre syndicale de la couture. Paco Rabanne intègre dans ses collections du tissu effrangé, lacéré ou retissé, se fait le précurseur du recyclage en transformant des foulards en robes ou des chaussettes en manches de pull-overs. C’est pendant cette période qu’apparaissent les masques, bustiers et gilets en plastique moulés et des côtes de maille. En 1973 est lancé un premier parfum masculin, « Paco Rabanne » pour homme.
Entre 1976 à 1989, décidément intéressé par la mode masculine, il lance une ligne de prêt-à-porter masculin. Ses autres collections Couture s’enrichissent de nouveaux matériaux traités de façon non conventionnelle comme les tissus luminescents, les papiers métallisés, le daim ajouré ou tressé de métal, les rideaux de perles de bois et de formes spectaculaires. Il élabore le plastron avec des épaulettes en métal martelé articulé, les vestes sculptées en fourrure, les manteaux cerf-volant, les pourpoints en cotte de maille et les chaussures « à la poulaine ».
De 1979 à 1988, la saga Parfums signée Paco Rabanne rencontre rapidement un succès international. Il en profite pour lancer ses parfums « Métal », « La Nuit », « Sport » et « Ténéré ». À l’initiative privée de Paco Rabanne a lieu la création à Paris du Centre 57, un lieu destiné à la production d’artistes de la diaspora noire. En 1988, il coproduit « Salaam Bombay ! », un film réalisé par Mira Nair qui obtient la Caméra d’or au festival de Cannes.
1990 à 1998 : Lancement d’une ligne de prêt-à-porter féminin. Il reçoit le « Dé d’or » pour la collection Printemps Été 1990. Durant cette période, les collections Couture multiplient les effets de lumière travaillés comme les volumes sculpturaux : pastilles miroir, plexiglas, reflets lasers, fibre optique signent le style Rabanne. Les accessoires (bijoux, coiffes et chaussures) sont traités comme de véritables œuvres à part entières. En 1993 et 1996, deux nouveaux parfums voient le jour, couronnés une fois de plus de succès, « XS » (décliné en XS pour Elle) et « Paco ». Si le premier est un parfum masculin, le second se veut mixte et se conjugue avec le lancement d’une ligne de vêtements et d’accessoires unisexes. La chanteuse Mylène Farmer fait également appel à lui, pour l’élaboration des costumes de son Tour 1996.
Entre 1999 et 2009, il commence à prendre du recul avec le monde de la Mode. Il décide d’arrêter la Haute Couture mais reste en prêt-à-porter. Ce dernier connaît alors un nouveau développement, sous la direction artistique de Rosemary Rodriguez, puis de Patrick Robinson.
Paco Rabanne est également peintre et designer. Il expose ses œuvres picturales à Valbonne, et présente au salon Maison et Objet une collection de six chaises issues de ses réflexions stylistiques. De plus, Paco Rabanne publie une série d’ouvrages issus de son cheminement spirituel, dont la Trilogie sur le temps, une réflexion sur la condition humaine et la quête mystique. En 1999, il annonce avoir eu à dix-sept ans des visions de Parisiens en flammes se jetant dans la Seine et qu’après avoir étudié d’autres prophéties concordantes, il est arrivé à la conclusion que la station spatiale Mir allait s’écraser en France au moment de l’éclipse solaire du 11 août 1999, ses débris tombant sur Paris et dans la région du Gers. Le 10 mai 1999, il s’engage publiquement à ne plus faire de prédictions si Mir ne s’écrase pas sur Paris le 11 août 1999.
Cependant, il prétend avoir eu une apparition de la Vierge lui intimant de continuer les prédictions. Prenant le « voyant » au mot, le Cercle zététique organise l’« apéritif des survivants » qui réunit environ 200 personnes, dénonçant par cette manifestation bon enfant l’inanité d’une telle prédiction. En dépit de l’échec de ce dernier coup d’éclat, qui a terni sa réputation auprès du public et des médias, il continue d’apparaître régulièrement dans une presse spécialisée, abordant davantage le sujet de ses expériences paranormales plutôt que celui de la Haute Couture.
Toutes ces déclarations et le scandale qu’elles provoquent le conduisent à se retirer de la vie publique et à se faire plus discret, se partageant entre Paris et la Bretagne où il s’installe bientôt définitivement.
En 2000, il reçoit la Médaille d’or du mérite des beaux-arts par le ministère de l’Éducation, de la Culture et des Sports. La mode Paco Rabanne n’a plus le même impact aujourd’hui que du temps ou son créateur était présent, mais son aura brille encore grâce aux parfums qui porte son nom. En 2008 sort One Million. Enorme succès en parfumerie. Viendront ensuite Invictus en 2013, et Olympéa, en 2015.