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CHANEL: Rétrospective au Palais Galliera

À la faveur de sa réouverture après des travaux d’extension, le Palais Galliera, musée de la Mode de la Ville de Paris, présente la première rétrospective à Paris d’une couturière hors normes : Gabrielle Chanel (1883-1971).

H. Kollar – G.Chanel au Ritz

En effet, après une importante campagne de travaux, le Palais Galliera peut désormais présenter sur deux étages des expositions temporaires de plus grande envergure ou bien exposer sa collection permanente. Aménagées dans les caves voûtées en briques rouges et pierres de taille, sur une superficie de plus de 700 m², les nouvelles salles améliorent l’expérience de visite du public. L’offre de services est également développée grâce à la création d’une salle d’atelier pour les activités culturelles et pédagogiques au rez-de-jardin et d’une librairie au rez-de-chaussée.
La fermeture pour travaux du Palais Galliera aura enfin été l’occasion de rénover 5 000 m² de magnifiques façades et ornements architecturaux.

Photo GM – Palais Galliera

L’occasion de re découvrir le lieu en visitant la rétrospective consacrée à Chanel. Dans ces années où Paul Poiret domine la mode féminine, Gabrielle Chanel, va dès 1912, à Deauville, puis à Biarritz et Paris, révolutionner le monde de la couture, imprimer sur le corps de ses contemporaines un véritable manifeste de mode.

Avedon – Gabrielle Chanel & Suzy Parker. 1959

Chronologique, la première partie évoque ses débuts avec quelques pièces emblématiques dont la fameuse marinière en jersey de 1916; elle invite à suivre l’évolution du style de Chanel à l’allure chic : des petites robes noires et modèles sport des Années folles jusqu’aux robes sophistiquées des années 30. Une salle est consacrée au N°5 créé en 1921, quintessence de l’esprit de « Coco » Chanel.

N°5 de Chanel

En regard du parcours articulé en dix chapitres, dix portraits photographiques de Gabrielle Chanel ponctuent la scénographie et affirment combien la couturière a incarné sa marque. Puis vient la guerre, la fermeture de la maison de couture…seule subsiste à Paris au 31, rue Cambon la vente des parfums et des accessoires. Viennent ensuite Christian Dior et le New Look, ce style corseté qu’elle conteste. Gabrielle Chanel réagit avec son retour à la couture en 1954 et, à contre-courant, réaffirme son manifeste de mode.

F.Kollar – mannequin descendant l’escalier rue Cambon.

Thématique, la seconde partie de l’exposition invite à décrypter ses codes vestimentaires : tailleur en tweed gansé, escarpin bicolore, sac matelassé 2.55, couleurs noir et beige bien sûr, mais aussi rouge, blanc et or… sans oublier les bijoux fantaisie et de haute joaillerie indispensables à la silhouette de Chanel.

Robes du soir rouges PE 1955 et AH 1970-1971

Gabrielle Chanel. Manifeste de mode occupe une surface de près de 1500 m– dont les nouvelles galeries ouvertes en rez-de-jardin. Sur un parcours jalonné de plus de 350 pièces issues des collections de Galliera, du Patrimoine de la Maison, de musées internationaux – le Victoria & Albert Museum de Londres, le De Young Museum de San Francisco, le Museo de la Moda de Santiago du Chili, le MoMu d’Anvers… et de collections particulières, cette exposition est une invitation à découvrir un univers et un style intemporels.

GABRIELLE CHANEL. MANIFESTE DE MODE – Du 1er octobre 2020 au 14 mars 2021
Palais Galliera, musée de la Mode de la Ville de Paris
10, Avenue Pierre-Ier-de-Serbie 75116 Paris

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TRÉMOIS-RÉTROSPECTIVE: l’amoureux du trait

Pierre-Yves Trémois, né en 1921, est un artiste qui conjugue le passé au présent. Amoureux du trait, adepte de la ligne pure, sans concession au volume, à l’ombre, à la couleur, ou si peu, Trémois trace sur le papier, le parchemin, la toile, des courbes parfaites, incise le cuivre, la terre, le bronze… avec une diabolique habileté.
Une gestuelle ample et sans possibilité du moindre repentir dans ses œuvres peintes de grand format, associée à une étonnante et fabuleuse précision de la main dans ses estampes, pièces d’orfèvrerie ou céramiques, sont les fondements de son écriture, une écriture dont il ne s’est jamais départi, et qui ne trouve dans l’art moderne aucune équivalence, aucune appartenance à quelque mouvement que ce soit.

 

Dürer

Du premier coup d’œil, on reconnaît un Trémois, comme on reconnaît un Buffet, un Miró, un Bacon ou encore un Mathieu avec lequel il entretint durant des années une solide amitié et une admiration partagée.
C’est la (re)découverte de cette écriture singulière, doublée d’un profond humanisme, où l’art voisine en permanence avec la science et la philosophie, qui vous est aujourd’hui proposée dans une exposition à double visage : Réfectoire des Cordeliers, « Le fou du trait » Celui d’abord de l’éclectisme des productions d’un artiste en quête permanente de défis à relever, de techniques à peaufiner ou à révolutionner, de réponses à trouver quant aux contradictions d’une nature humaine pour laquelle il éprouve cependant une passion profonde ; un éclectisme à qui le trait donne toute sa cohérence.

Couple à l’ADN

Musée d’Histoire de la Médecine, « Les Grands Livres Illustrés » Celui aussi,exceptionnel bien que plus confidentiel, des « Grands Livres Illustrés », 26 ouvrages à tirages limités, réalisés pour certains à quatre mains avec des personnalités telles que Montherlant, Claudel, Rostand ou bien encore Fellini…, comportant de multiples burins et eaux-fortes qui jalonnent son parcours artistique depuis 1945.
– Yvan Brohard, commissaire de l’exposition –

Le Singe Savant – 1994

Réfectoire des Cordeliers: « LE FOU DU TRAIT »
Homme de son temps à l’héritage humaniste pérenne, il n’est assimilable à aucun
courant, aucun mouvement de l’art moderne. C’est dire si son écriture est unique et
possède un accent d’universalité !

Le singe et l’homme

Infatigable chercheur, ses terrains d’élection sont multiples : estampes, dessins,
peintures et monotypes, mais également sculptures, céramiques, orfèvrerie… Avec
une place particulière pour ses « Grands Livres Illustrés » : 26 ouvrages à tirages
limités comportant de multiples burins ou eaux-fortes qui jalonnent son parcours
artistique à partir de 1945. De Rostand à Fellini, de Guitry à Montherlant, de Mathieu à Jouhandeau, de Pauwels à Buffet, de Claudel à Dali…, sa vie est émaillée de rencontres dont certaines donnent naissance à de riches collaborations et à de profondes amitiés.
Si les peintures de Lascaux sont pour lui des fondements incontournables, révélant des artistes auxquels il aime, dans une profonde communion à s’associer ; s’il reconnaît dans l’art égyptien un caractère hiératique et éternel qui le trouble, Trémois trouve dans l’art japonais du portrait d’incontournables références. Pas d’ombre, de matière, de volume, de perspective, de couleur ou si peu, de repentirs… seulement des signes !
Mais si Trémois est fasciné par l’Orient, il est aussi l’héritier d’une culture occidentale, prolifique en maîtres du trait, celle des Primitifs comme Mantegna, Signorelli, Pietro della Francesca, avec une prédilection particulière pour la Renaissance et l’Humanisme; deux notions, deux réalités indissociables, essentielles elles aussi à son inspiration et à la réalisation de son œuvre. Ainsi, rend-til de vibrants hommages aux maîtres tels que Dürer « dieu des graveurs et graveur des empereurs » dans « un dieu désordonné », ouvrage dont les planches liées entre elles, forment une bande gravée de 6,60 mètres de long sur 38 cm de hauteur !

La mer

Riche de ces deux influences, l’art de Trémois est avant tout celui du trait, un trait d’une absolue pureté qui donne à son écriture sa fabuleuse singularité. Car pour Trémois, le trait, à l’image d’une signature, ne tolère ni hésitation, ni rature, ni gommage. Il est l’expression de soi !
Pour respecter la pureté de la ligne, il ne fait que peu de concessions aux couleurs, si ce n’est à un bleu profond ou à un rouge aux accents de cinabre si chers à l’Asie, traités en à-plats ; et surtout au blanc auquel il voue une véritable passion.
Même dans son œuvre sculpté, il revendique son appartenance à une « sculpture du trait, de la ligne », celle des prodigieux bas-reliefs assyriens ou égyptiens, plus qu’à une « sculpture en volume » si chère à Rodin.
Ne soyons toutefois pas dupes de l’extrême lisibilité de ses œuvres ; c’est quand elles nous paraissent les plus claires qu’elles sont les plus mystérieuses !

Grand Livre Bestiaire

L’écriture de Trémois, par essence figurative, possède en effet l’indéniable pouvoir, comme l’exprime Jean Rostand en février 1971, de « dominer la technique au point de la faire oublier » et ainsi de nous laisser entrevoir les arcanes de sa pensée. Si Trémois est le trait, il est aussi le corps, et plus encore le corps nu, dépourvu de tout artifice, dans sa beauté originelle, car il a aussi le culte du Beau ; non pas d’une beauté figée, prisonnière de simples codes esthétiques, mais d’une beauté en mouvement, transcendée par les multiples facettes de la passion.

Du 03 au 26 octobre 2019
Réfectoire des Cordeliers 15, rue de l’École de Médecine, Paris 6e
Musée d’Histoire de la Médecine 12, rue de l’École de Médecine, Paris 6e

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